CECI N’EST PAS UNE CRITIQUE
Je connais Arnaud Viviant pour ses interventions au Masque et la plume, mais aussi pour son roman « La vie critique », dans lequel le personnage du critique littéraire m’avait, peut-être à son insu, laissé ce souvenir attachant du jeune garçon qui ne lit pas (encore) et de sa rencontre avec Michèle, celle qui lit Duras, Bataille et Barthes. Celle qui deviendra le regret éternel.
Call me by my name
Si Arnaud Viviant aurait prétendument intellectualisé le rock dans les Inrockuptibles, « Cantique de la critique » rockn’rolle la critique. Arnaud Viviant « vanne », se distinguant ainsi de l’érudit qui « compile ». Quant à l’ironie, il en saupoudre les pages de son ouvrage. Selon Arnaud Viviant, « L’une des plus difficiles tâches à coup sûr relevant de la critique est de percevoir ce qui dans un discours relève de l’humour ou, plus indétectable encore, de l’ironie. »
Le critique littéraire serait un poète ? un postcripteur ? un chroniqueur littéraire ? un être tournant en rond comme un chat après sa queue ? une espèce éteinte ? Arnaud Viviant parcourt l’histoire de la critique, nous en offrant une synthèse et cherchant une définition idéale. Une seule certitude : « Toute critique doit être signée d’un nom renvoyant à une personne concrète, réelle, physique, laquelle contrairement à l’artiste n’a pas le souci de sa postérité. »
Les blogueurs et Monsieur Arnaud
Louise Adèle, prépare ton #balancetoncritique. Ou préférentiellement, un comprimé exhausteur d’autodérision parce que « les écrivains du dimanche » adeptes d’ateliers d’écriture, c’est pas trop les potes d’Arnaud, qui préfère sans doute la compagnie de Nelly.
L’angoisse de la page blanche étant désormais soignée (on ne se rend jamais assez compte des vertus de la broderie et du tricot), il aimerait bien que se pointe celle de la page noircie. Quant aux blogueurs, ils sont qualifiés de « Robinson Crusoé qui soliloquent dans l’attente de l’oreille compatissante d’un quelconque Vendredi. » Non mais pourquoi je cite tout ça moi … ?
Capri, c’est pas fini
Il y a désormais plus de gens qui écrivent que de gens qui lisent et les gens qui écrivent ne lisent pas. Selon Arnaud Viviant, le critique sera peut-être le dernier grand lecteur de notre société.
La citation
« Au fond, le critique serait un écrivain comme un autre s’il ne jouissait du privilège de n’être pas obligé d’écrire et de publier des livres pour être considéré comme (et pareil à la colombe qui disparaît dans le foulard du magicien, tout tiendrait dans ce « comme ») un écrivain. Par-là même, il montre que le concept de littérature ne s’arrête pas à celui d’oeuvre littéraire. Le critique déborde la littérature sans y placer la moindre intensité, semblable à la rivière qui sort de son lit sans songer à crue. »
« Cantique de la critique », un poème d’amour à mettre entre les mains de tous les esprits critiques. À lire en écoutant « Make you feel my love » de Bob Dylan et à associer à la lecture de « BettieBook » de Frédéric Ciriez ! BettieBook, espace de félicité 2.0.
C’est vrai ça ? Je soliloque ? 😉