Billet d’humeur, #emilyinparis, #LénaSituations, et moi et moi et moi

Cette semaine, j’ai abusé du scroll, du like et de Netflix. Au bout de quelques jours, ça n’a pas manqué, l’effet terrier de lapin des trois actions combinées commençait à se faire sentir. Dans ce flux numérique laissant défiler la vacuité de nos vies masquées et commentant activement l’éviction de « Yoga » d’Emmanuel Carrère de la 2e sélection du Goncourt, mon cortex cérébral a enregistré quelques signets. Leur relief, j’en conviens, est contestable, mais dans le terrier de lapin d’Alice, la fuite et le rêve extraient momentanément de ce prétendu « monde d’après » et font office de succédané non chimique aux psychotropes.

Emily in Paris sur Netflix. Cliché ? Vous avez dit cliché ?

La série diffusée depuis le 2 octobre sur Netflix se hissait quasi instantanément au Top 10 de la chaîne, tandis que fleurissaient en France plusieurs articles de presse reprochant notamment à la série de nous montrer une carte postale idéalisée de Paris (Woody Allen n’avait-il pas fait de même dans Minuit à Paris sans qu’on en fasse tout un foin ?), de nous donner une vison archétypale des français (second degré ou pas second degré ? Oh allez ! Second degré !) et de nous servir une Lily Collins aux tenues acidulées et chaussures improbables (Trop joli, j’ai tout enregistré sur mon Pinterest !). Précisons que le créateur de la série est Darren Star, notamment créateur de Sex and the city, ça vous parle ?

Le truc, c’est que si les reproches énoncés sont fondés, la carte postale, les tenues chic et colorées, les places parisiennes, les boulangeries et les restos avec un chef trop mignon, à dire vrai … c’est exactement ce dont j’avais besoin les gars !!! Emily in Paris, ça se regarde un peu comme on regarde un Disney. La réalité n’est pas le sujet. Il conviendra de visionner la série en V.O., elle est éventuellement déconseillée aux japonais sous peine de souffrir du syndrome de Paris. Oui, jeunes gens ça existe… https://fr.wikipedia.org/wiki/Syndrome_de_Paris. Pour celles et ceux qui ont ou vont regarder la série, allez je suis cool, je vous donne une petite info bison futé : le resto du charmant Gabriel, dans le vrai Paris moins joli, c’est le Terra Nera au 8 rue des Fossés Saint-Jacques ;-).

Le monde de l’édition est sous le choc, c’est la faute à Léna Situations !

Mais oui, le monde de l’édition est sous le choc… dixit Sonia Devillers sur France Inter https://www.franceinter.fr/emissions/l-edito-m/l-edito-m-07-octobre-2020. La situation de Léna, quelle est-elle en fait ? Eh bien, rien de si nouveau dans les sphères germano-pratines. Comme d’autres youtubeurs avant elle, la jeune youtubeuse de 22 ans a sorti son livre Toujours plus, et ledit livre, Ô surprise, est un best-seller. Emmanuel Carrère n’a qu’à bien se tenir dans sa posture de guerrier 2 et Cyril Lignac peut retourner à son piano de cuisson. Miss Léna n’est certes pas sélectionnée pour le Goncourt ni pour d’autres prix littéraires à ma connaissance, mais cette histoire de youtubeuse qui renverse les schémas et dont le livre n’est en fait qu’un produit dérivé de Léna Situations, ça me rappelle un peu une certaine Bettie Book de Frédéric Ciriez … BettieBook, espace de félicité 2.0..

Et moi et moi et moi ?

Drôle de constat. Un petit quiz publié, une fois n’est pas coutume, sur mon mur Facebook, a suscité ce mini-engouement de la part de mes abonnés… Une micro agitation dont je ne suis pas coutumière, étant l’abonnée absente aux quiz, aux jeux et aux changements de photo de profil rentables en like sur Facebook. Pendant ce temps-là, mon article de la semaine dernière sur Les démons felliniens de Simon Liberati démarrait un peu prématurément une hibernation due à un syndrome déceptif encore non désigné « Les démons », une Dolce Vita de Simon Liberati. Léna, les quiz, c’est trop. J’envisage alors une reconversion : youtubeuse.

À trop passer de temps à faire défiler l’écran, il y a ce moment où la vacuité me donne une légère nausée et où surgit une intense envie de contenu. C’est à ce moment-là que la loi de l’intention fonctionne et que sur mon écran, émerge la critique du film Netflix « The 40-Year Old Version ». Un film en noir et blanc (j’adore, c’est mon côté Nouvelle Vague), la bande annonce me séduit d’emblée. Sans hésitation, je clos le chapitre des quiz et revends fissa sur le Bon Coin, la caméra acquise pour ma future carrière de youtubeuse. La dramaturge Radha Blank, dans son New York pas très carte postale, enchante mon samedi soir. Après le film, regrettant de ne pas avoir eu le temps d’aller acheter le petit roman inédit de Simone de Beauvoir Les inséparables, je me prépare une infusion Kusmi tea et plonge dans l’album onirique de Kelly Lee Owens pour ne pas revenir tout de suite dans … le monde d’après.

PS : Si vous voulez encore un tuyau, je connais aussi l’adresse de l’appartement d’Emily in Paris 😉