Louise Adèle, blog littéraire et culturel

Billet d’humeur, Summer of love, Summer of art

Les stades rassemblent, même lorsqu’un sérum vaccinal en flacon remplace le ballon rond. Le bras sort de la manche du tee-shirt ou de la chemise, l’épaule se découvre sans pudeur, impatiente. Le rideau de la cabine ne camoufle pas si bien que cela cette mise à nu, mais tout le monde s’en fout. Chacun attend son tour pour entrer dans un box et bénéficier du précieux élixir vaccinal, Graal salvateur pour les uns, parabole d’un possible summer of love pour d’autres. La seringue s’approche, l’aiguille ténue pénètre le bras gauche, de préférence le droit pour les gauchers. Injection. Même pas mal. Personne suivante, s’il vous plait !

La cire chauffe, victorieuse à la fin du compte. Les poils récalcitrants des jambes, des aisselles et du pubis ont compris que la fête était terminée pour eux, que le déconfinement sonnait le glas de leur temporaire libre existence. Scratch ! C’est un peu douloureux, y’avait du taf. Les plagistes, substituts avantageux aux cours de yoga en ligne, s’affairent, clouent, installent, étalent, postent sur insta et attendent eux aussi avec impatiente que les épaules se découvrent, que le mojito verdisse le tableau, que les pieds nus s’enfoncent dans le sable, au son de Paul Kalkbrenner sur les platines. Sur les rooftops, c’est plus ou moins la même agitation préambulaire. Le summer of love est placé sous le signe de l’air.

À Paris, le musée de l’Orangerie a fait peau neuve, murs blancs, salles redimensionnées, collections présentées sous un nouveau parcours, repensé pour une déambulation idéale, « une vision renouvelée, plus rapprochée et confortable des oeuvres ». Se rapprocher des tableaux aussi alors… Si les oeuvres d’art ont une âme, quelle solitude ont-elles donc vécue tandis qu’un virus plus inoffensif pour elles que les flashs touristiques intempestifs, les contraignait à une vie sans miroir ? Summer of art, un jour mon Jeff viendra. À Marseille, au Mucem, 20 oeuvres de Jeff Koons se mêleront à la collection permanente, « des associations tantôt formelles, esthétiques, détournées, décalées ou sémantiques. » Entrelacements post confinement. Parmi les oeuvres exposées, le Hanging Heart, un immense coeur rouge, comme une joyeuse allégorie tape à l’oeil du Summer of love.

Summer of love, summer of art, on t’attend, épaule dénudée.

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