« Elle me demanda de quoi parlait Blessé à mort et je lui répondis que le thème était avoir trente ans à Naples et vouloir s’échapper et ne pas réussir à le faire. »

Si Blessé à mort est le livre culte d’Amoresano, narrateur de Napoli mon amour, l’extrait ci-dessus pourrait tout aussi bien résumer ce premier roman d’Alessio Forgione.

Vedi Napoli e poi muori

Ces dernières semaines, à défaut de pouvoir aller boire des cafés piazza di Spagna à Rome, j’ai exploré la littérature italienne. Avec cette lecture, ce fut un petit voyage à Naples ! Il est question d’un trentenaire cumulant les échecs dans sa recherche d’emploi et dont le compte bancaire se réduisant comme peau de chagrin, devient la métaphore du désespoir existentiel du narrateur. Les scènes d’entretiens d’embauche sont comiquement réussies. Tragiquement absurdes. Il est aussi beaucoup question de Naples, de ses rues, de ses places. Ceci pourrait gêner le lecteur qui ne connaitrait pas la ville, ce qui est mon cas. Moi, je me suis plutôt amusée à googliser les lieux pour mieux imaginer les errances du narrateur.

Allo ? Lola ?

Napoli mon amour, c’est les matchs de foot à la télé ou au bar, c’est aussi pas mal de références littéraires. Raffaele La Capria, Cesare Pavese, Fitzgerald, Tolstoï. Of course, dans la vie d’Amoresano, il y a une rencontre amoureuse. Elle dit qu’elle s’appelle Lola. Pourquoi Lola ? Lolita de Nabokov. Et Lola qui en vrai s’appelle Nina, son dada c’est le cinéma. La rencontre entre Amoresano et Lola devient alors prétexte à une réflexion sur l’art, et notamment sur le cinéma, une autre facette du roman qui m’a beaucoup plu.

La citation

Je pensai que j’avais marché, que la ville était finie, qu’il ne m’était rien arrivé et qu’il n’était pas possible d’aller plus loin, puis je me rappelai qu’en bateau j’aimais regarder la mer, parce que j’aimais imaginer que derrière l’horizon, où que j’étais, il y avait Naples. 

***

Le style d’écriture exprime avec finesse le spleen napolitain dont Amoresano n’arrive pas à se départir. Une belle balade littéraire napolitaine … en attendant les voyages ! Un primo-romancier à suivre !

« Napoli mon amour », Alessio Forgione, éditions Denoël