Livre culte !
« Le dernier été en ville » c’est un cas éditorial. Le roman est publié pour la première fois en Italie en 1973 aux éditions Garzanti, 17 000 exemplaires, vendus en un seul été. Ensuite, pendant plusieurs années, on ne le trouve plus que chez les bouquinistes et circulant dans les clubs de lecture jusqu’à ce qu’en 2010 le livre soit redécouvert, republié par Aragno et à nouveau épuisé. Un troisième éditeur, Bompiani le réédite à nouveau en 2016 et le roman devient un succès international. La traduction française parait le 4 février 2021 chez Gallimard.
Léo Gazzarra, entre Marcello et Jep
Le roman se passe dans la Rome de la fin des années 60. Entre le Marcello de Federico Fellini (La Dolce Vita) et le Jep de Paolo Sorrentino (La Grande Bellezza), il y a Leo Gazzarra de Gianfranco Calligarich. Leo, milanais, vit à Rome de petites piges au Corriere dello Sport et tout comme Marcello et Jep, il fréquente les intellectuels et les mondains. Noctambule errant dans une Rome frivole où alcool et fête sont une tentative de faire oublier la vacuité de son existence, de ses chambres d’hôtel, de ses emplois instables qu’il ne cherche pas à stabiliser, Leo nous dit pourtant que Rome « C’est le seul endroit où je pouvais vivre ». Il fait la rencontre d’Arianna, une fille belle et évanescente, avec laquelle il tisse une relation faite de tentatives et d’impasses. On pense alors à « L’éclipse » de Michelangelo Antonioni. Tout comme dans « La Grande Bellezza », Rome et son tourbillon des mondanités finissent par lasser.
To Rome with Love
Lire « Le dernier été en ville », c’est aussi déambuler dans Rome avec le narrateur, déjeuner dans une trattoria, faire une virée à Ostie, marcher de piazza di Spagna à piazza del Popolo et avoir l' »idée stupide » que c’est au-dessus de piazza Navona que le ciel est le plus beau. En lisant, j’entendais, malgré la traduction, la sonorité des expressions italiennes et j’ai presque regretté de ne pas l’avoir lu en version originale. D’ailleurs, quelqu’un pourrait m’expliquer pourquoi diantre il a fallu attendre presque cinquante ans pour que paraisse la traduction française de ce chef d’oeuvre ? Si vous avez aimé La Dolce Vita, si vous aimez les déambulations romaines, si vous aimez les trattorie, les piazze, les aristocrates déchus, les pigistes inadaptés et les cercles mondains, l’Italie intellectuelle des années 60, je vous conseille vivement la lecture de ce roman !
La citation
« Mais ils étaient comme ça. Ils prenaient tout par-dessus la jambe. Ils étaient superficiels et sûrs d’eux. Ils réduisaient les gens en bouillie par un simple mot d’esprit puis ils passaient leur chemin, en direction du fauteuil le plus proche. » p. 184
Une réflexion sur “« Le dernier été en ville » de Gianfranco Calligarich, une ivresse romaine”
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