Louise Adèle, blog littéraire et culturel

Billet d’humeur, Didier Eribon, des roses, et moi et moi et moi

Une semaine sous le signe de Didier Eribon

Je suis encore d’humeur intello, ça ne passe pas. Alors entre « Noeuds de vie » de Julien Gracq et « Le tramway » de Claude Simon, je me suis octroyé une petite semaine sous le signe du sociologue et philosophe Didier Eribon. Sur France Culture, il était l’invité de l’émission À voix nue pour cinq épisodes, évoquant son parcours et notamment comment il a échappé au déterminisme social. Vous avez peut-être lu, ou probablement entendu parler de son essai autobiographique « Retour à Reims » paru en 2009, traduit dans plusieurs langues et mis en scène par Thomas Ostermeier. Dans cet ouvrage, il retrace son parcours de transfuge de classe. Un livre qui s’inscrit dans la filiation de « La Distinction » de Pierre Bourdieu. Dans son essai « La société comme verdict », Didier Eribon propose un approfondissement de ses réflexions publiées dans « Retour à Reims ». Ayant déjà lu « Retour à Reims », j’ai donc assorti mon écoute du podcast de France Culture à la lecture de « La société comme verdict ».

« L’accès à la culture « légitime » marque le début de la trajectoire ascendante. Et par conséquent, de la « trahison de classe ». Celle-ci, d’une certaine manière, est inévitable. » p.116 « La société comme verdict », Didier Eribon

Pour rester dans le thème des classes sociales, j’ai enchainé avec un film de Claude Chabrol sur Netflix. Je vous avais informés qu’une partie de ses films entrait au catalogue, j’ai commencé le visionnage par « La fleur du mal ». Les films de Claude Chabrol ont souvent pour thème une bourgeoise provinciale française passée au vitriol et je dois avouer que la manière dont Chabrol dépeint ces personnages, leur hypocrisie et leurs coups bas me laisse toujours dans un certain malaise. Disons que pour préserver mon âme sensible, j’espace les séances. La prochaine fois, je regarderai sans doute « Merci pour le chocolat », histoire d’aller faire un tour en Suisse.

Des roses

On eut des roses à la maison pour la Saint Valentin. Elles n’étaient pas pour moi, mais qu’importe, elles étaient là, j’en profitais aussi. Des roses rouges. On a essayé de les compter, il y en avait trop. Et puis, on ne savait pas s’il fallait compter les bourgeons ou pas. Au bout d’une semaine, elles se sont fanées, il a fallu se résoudre à les jeter. J’avais toujours envie de roses. Humeur intello et humeur couleur de rose. La rose, s’il te plait, mets des paillettes dans ma vie. Je me suis dit qu’après tout, on ne manquait pas de fleuristes dans le coin et que s’offrir un bouquet de fleurs, c’était un des seuls trucs qu’on était encore autorisés à faire, … sous réserve que cela soit avant 18h. Donc, j’ai décidé qu’il y aurait plus souvent des roses à la maison, pour les non Saint Valentin, pour les non-anniversaires. Ensuite j’ai réalisé que dans la liste des livres à lire pour mon club de lecture, il y avait « La roseraie » de Michel Besnier. Alors j’ai pris le livre dans la pile et me suis laissé emporter par Benjamin Renart le « généalogiste des roses » et sa passion.

« Le bar du Pavillon normand, chaises empilées, ressemble à un café de plage en fin de saison. S’assoir là et respirer, la roseraie sent fort, le bois et la feuille plus que la fleur. Le clocher de l’église Saint-Léonard dépasse des arbres, on peut croire à un clocher de province, l’illusion d’optique entraîne l’illusion olfactive, des odeurs de cèpes et de feux forestiers viennent se mêler à celle des roses. » p. 127 « La roseraie », Michel Besnier

Et moi et moi et moi

Je suis probablement l’unique à avoir rédigé un article associant des roses et un sociologue du nom de Didier Eribon. Mais le flux de conscience et les humeurs ont leurs raisons que la raison ignore…