Louise Adèle, blog littéraire et culturel

Billet d’humeur, les nouveaux entrants sur Netflix, et moi et moi et moi

Premier billet d’humeur 2021

D’humeur plutôt intello depuis début janvier. J’avais le choix. Déprime liée aux interactions sociales réduites à un canal virtuel, angoisse due au matraquage d’actualité anxiogène et monomaniaque Covid, réactions cutanées pour abus de masque et de gel hydroalcoolique, ou fuite tête baissée, lunettes sur le nez, dans les livres et le monde du savoir. Question de survie mentale, j’ai choisi la dernière option. J’ai fui. Humeur intello. Quand j’en aurai marre, je tâcherai de bifurquer vers des sentiers poétiques. Tant pis pour le monde réel.

Les films de Claude Chabrol sur Netflix

Netflix tente aussi l’humeur intello ou alors est-ce peut-être une simple affaire d’inconscient collectif ? Toujours est-il qu’après l’introduction au catalogue des films de Jean-Luc Godard et de François Truffaut que vous avez tous tenu à visionner pour parfaire votre culture cinématographique, c’est huit films de Claude Chabrol qui dès le 15 février vont faire leur entrée au catalogue pour étoffer la catégorie « cinéma d’auteur » de la plateforme. J’ai repéré aussi, à paraître début mars, les magnifiques films indépendants « Call me by your name » de Luca Guadagnino et « Lady Bird » premier film de Greta Gerwig, que je vous conseille absolument.

« Malcolm & Marie », tournage confiné

Je l’attendais avec impatience, « Malcolm & Marie » le film de Sam Levinson avec Zendaya et John David Washington est disponible depuis hier sur la plateforme Netflix. Le tournage s’est déroulé secrètement durant le confinement au début de l’été dernier. On peut dire que ce film est né sous la contrainte des mesures restrictives, avec une équipe de tournage réduite au maximum, un duo en guise de distribution et une superbe maison d’architecte, la Caterpillar House, située en Californie, au milieu de nulle part.

Ce film en noir et blanc, dont le scénario a été écrit en moins d’une semaine, et tourné en 15 jours, je me suis précipitée pour le regarder et c’est mon gros coup de coeur ! Malcolm et Marie rentrent de l’avant-première du long-métrage de Malcolm, une dispute conjugale se déclenche et durera toute la nuit. Rien qu’en visionnant la bande-annonce, on se rend déjà compte de la qualité des dialogues, de l’esthétique du film, de l’atmosphère de huis clos sur fond de musique jazz. On imagine aussi qu’il s’agira du couple, de ses impasses, de ses règlements de compte. Or, le film est selon moi bien plus que cela. C’est aussi un regard critique sur l’industrie du cinéma, une réflexion sur le processus créatif, sur l’artiste et sa muse et sur ce que c’est que l’inspiration. Huis clos en noir et blanc, jeux de miroirs, silences qui en disent plus long que les mots, un jeu d’acteur sublime avec mention spéciale pour Zendaya. Il y avait dans les réflexions de ce long-métrage tous les ingrédients correspondant à mes quêtes intellectuelles du moment.

Et moi et moi et moi

Tel Ulysse avec ses marins, je fais couler la cire dans mes oreilles pour ne pas trop entendre le chant des sirènes de la rentrée littéraire afin de pouvoir consacrer un peu plus de temps libre à faire baisser la pile à lire que j’ai qualifiée d' »intello ». Oui, car pour mieux m’y retrouver dans mes humeurs, à défaut de classer dans ma tête, j’ai rangé ma bibliothèque et clarifié mes piles. Il y évidemment la pile « rentrée littéraire » qui n’a jamais trop de mal à descendre mais qui remonte aussitôt que la rentrée suivante s’est pointée. La plus compliquée à absorber est celle dite des « classiques », avec quelques Zola, quelques Balzac, Dostoïevski et Homère. Et puis celle sur laquelle j’ai envie de me concentrer durant quelques mois en 2021, la pile « intello ». Claude Simon, Didier Eribon, Pierre Bourdieu, Michel Butor, Pier Paolo Pasolini, Ibsen. Quand je me dis que les centres commerciaux sont fermés, que les bars et restos sont fermés, que les théâtres sont fermés, que les musées sont fermés, que les cinémas sont fermés, un huis clos entre mes livres « intellos » et moi nourrira bien mieux mon esprit que le monde réel…