Louise Adèle, blog littéraire et culturel

Billet d’humeur, des séries scandinaves et du noir et blanc sur Netflix, les 90 ans de Jean-Luc Godard, et moi et moi et moi

Cette semaine j’ai ressenti le besoin d’une trêve littéraire et puisqu’une citation de Stefan Zweig me rappelle régulièrement que « La pause, elle aussi, fait partie de la musique », j’ai transposé l’interprétation musicale des pauses et des soupirs à mon orchestration pas des plus simples qui consiste à caser une curiosité intellectuelle ouverte à plusieurs domaines dans les sept jours de la semaine. Pour ce qui me concerne, la technique retenue est l’alternance et donc cette semaine, moins de lecture et plus d’écran !

Des séries scandinaves et du noir et blanc sur Netflix

J’attends avec hâte la saison 2 de « Home for Christmas », une série qualifiée de « Bridget Jones norvégien » dont la sortie sera disponible le 18 décembre. En attendant, pour me mettre dans l’ambiance, j’ai eu envie de réviser les langues scandinaves et j’ai cliqué sur « Love & Anarchy », une série scandinave décomplexée. Cela se déroule dans une maison d’édition de Stockholm, laquelle est au bord de la faillite et embauche Sofie, une consultante chargée de remettre tout ça sur des rails, budget, digitalisation, gel des embauches et tout le starter pack du parfait gestionnaire. On baigne dans le milieu de l’édition, ce qui n’est pas pour me déplaire, surtout en version originale suédoise. Et évidemment, ce n’est pas tout, il y a Sofie, quarantenaire à la vie conformiste toute calibrée et il y a … Max (mon nouveau crush ;-)), le jeune informaticien qui va surprendre dame Sofie dans une situation quelque peu compromettante (cf la bande annonce). Le tout va déclencher un jeu de défis entre Max et Sofie. Je n’ai jamais lu de littérature scandinave, mais dans les quelques films et séries que j’ai pu visionner, il y a une esthétique et une approche décomplexée des sujets dont je me découvre fan.

LA sortie de la semaine sur Netflix, c’est « Mank » de David Fincher (Seven, The Social Network, Fight Club), un film revisitant le Hollywood des années 1930. « Mank », c’est pour Herman J. Mankiewicz, scénariste alcoolique de Citizen Kane. C’est sorti vendredi, la critique est très bonne, la bande-annonce a des airs felliniens, et c’est en noir et blanc. Trois critères qui placent le film en tête de ma liste des films à voir. Pour certains, les films en noir et blanc c’est Charlie Chaplin et les films muets. Pour d’autres c’est Fernandel. Pour moi, qui dit noir et blanc, dit Nouvelle Vague et qui dit Nouvelle Vague pense Jean-Luc Godard.

Jean-Luc Godard a fêté ses 90 ans

L’anniversaire de Jean-Luc Godard, c’était jeudi. Peut-être avez-vous vu passer l’info et vous êtes-vous dits pour la Nième fois « Quand même, faudrait que j’en regarde au moins un de film de Godard » et … vous ne l’avez toujours pas fait. Pour souffler les 90 bougies sans se retrouver « à bout de souffle », Télérama nous propose un article (réservé aux abonnés) listant 90 raisons d’aimer Godard. En voici un extrait :

Pour avoir rassemblé tous les arts dans ses films.

Pour avoir inventé l’indémodable formule « les professionnels de la profession ».

Pour ses travellings qui sont des questions de morale.

Pour ses critiques de cinéma au vitriol et à la limite de la mauvaise foi.

Pour Jean Seberg se passant le pouce sur les lèvres à la fin d’À bout de souffle, imitant Jean-Paul Belmondo/Michel Poiccard, lui-même imitant Humphrey Bogard. Du méta-cinéma dès le premier film.

Pour « Allons-y, Alonzo ! » dans Pierrot le fou.

Pour sa voix inimitable qui lit ses génériques.

Et moi et moi et moi

Durant cette semaine « En Écran toute ! », j’ai même retrouvé la télécommande de ma télévision. Tout de même, j’ai dû demander à ma fille comment on faisait pour changer de chaine et mercredi soir me voilà devant l’émission « La Grande Librairie ». Au programme, une thématique plutôt légère, avec notamment « Le dictionnaire amoureux de l’inutile » de François et Valentin Morel. Et quand on parle d’utilité en 2020, on pense surtout à l’utilité économique. Il y quelque chose de jouissif, voire de subversif, à passer du temps à des activités qui n’ont aucune valeur mercantile, comme par exemple écrire une chronique tous les week-ends sur un blog… Parmi les invités de « La Grande Librairie », également Hervé Le Tellier, lauréat du Goncourt 2020 avec « L’anomalie ». Ce roman n’était pas dans ma liste de cette rentrée, il n’était pas non plus le roman le plus « goncourable », mais avec ce prix, on fête symboliquement le retour du romanesque et le petit raz le bol de cette littérature française contemporaine auto-centrée. On saturait un peu non ? (dit-elle dans sa rubrique Et moi et moi et moi). Et vous savez quoi ? ça me va très bien, parce que franchement, j’en avais déjà un peu marre de mon propre nombrilisme à la limite du solipsisme, alors imaginez celui des autres … Soyons inventifs, soyons romanesques, soyons rêveurs ! Rêver sa vie ou la vivre ? Telle est mon humeur du moment.