La rentrée littéraire 2020 en dix citations

Une rentrée chasse l’autre ! À peine avons-nous fait le tour de nos coups de coeur d’une rentrée littéraire que le sapin de Noël se dresse dans nos chaumières, Jingle bells, jingle bells ! Jingle all the way ! et que, sur les réseaux sociaux, déjà, les titres des romans de la rentrée littéraire de janvier pointent discrètement leur nez.

Mais nulle obligation de respecter le calendrier, n’est-ce pas ? La collection automne-hiver 2020 ne se démodera pas instantanément pour autant ! Elle pourra se retrouver dans la hotte du Père Noël et faire l’objet de beaux moments de lecture en 2021.

La rentrée littéraire 2020 en dix citations

À propos d’autofiction
« Sur Facebook, un vieil écrivain qui la ramène beaucoup avec son intelligence affûtée a écrit : « L’autofiction me fait penser à celui qui est au milieu d’une plage et qui enlève, avec précaution, son maillot sous une serviette. Et tout d’un coup, le vent se lève, et une bourrasque emporte la serviette et le maillot de bain. » p. 280
Cinq dans tes yeux, Hadrien Bells

Sur le journalisme
« Son style, plus proche du reportage que des postures égotistes du gonzo-journalisme auquel on associe communément le nom de Paradis, ne choquait pas, même si July le jugeait parfois trop littéraire, voire précieux – « C’est simplement écrit en bon français », se défendait le jeune homme, dont, non sans snobisme, le modèle absolu en matière de journalisme restait le Mallarmé de La Dernière Mode. » p. 89
Une fille de rêve, Éric Laurrent

La private joke
« Je trouvai mon horoscope. « Vierge : Vous aurez des problèmes avec l’amour cette semaine. Prenez garde aux collègues qui médisent de vous dans votre dos. Ils pourraient influencer votre employeur. Mais pas d’inquiétude ! La suite s’annonce excellente. C’était un tissu d’âneries, mais je m’y intéressai de très près. » p. 223
Nostalgie d’un autre monde, Ottessa Moshfegh

A propos du temps
« Justine a demandé pourquoi le goûter il est à 17 heures et pas plus tôt ? Pourquoi ce serait pas 16 heures ? Et pourquoi on mange pas quand on a envie ? » p. 58
Un enlèvement, François Bégaudeau

Sur l’emprise
« Cela fait dix jours que je suis en Chine et je n’ai accès à rien, aucun site étranger. Ni Google, ni YouTube, ni Libé, ni Le Monde, ni même Les Inrocks ou Radio France. Plus tragique encore : pas d’équipe.fr. Tout est bloqué. La Chine a construit une Grande Muraille numérique. Pour soustraire sa population au monde. Me couper du mien. p. 17
Un hiver à Wuhan, Alexandre Labruffe

Rock & War
« Parti se battre contre les Serbes après avoir fait le bonheur des salles de concert de Zagreb, disait la légende de la photographie de couverture. C’était ironique. Quel con, ce Jimmy, j’ai murmuré pour moi-même. Quel con. » p. 315
Demain la Brume, Timothée Demeillers

Être une fille au début du XXe siècle
« Andrée se taisait. Au bout de la table, les jumelles se bombardaient de boulettes de pain, madame Gallard les laissait faire en souriant. Pour la première fois je me dis clairement que ce sourire cachait un piège. J’avais souvent envié l’indépendance d’Andrée, soudain elle me parut beaucoup moins libre que moi. Il y avait ce passé derrière elle; autour d’elle, cette grande maison, cette vaste famille : une prison, dont les issues étaient soigneusement gardées. » p. 66
Les inséparables, Simone de Beauvoir

Le paradoxe du diplômé
« Ce paradoxe est le suivant : plus on étudie, plus on acquiert de savoir, plus on est affamé de pensée, et moins paraissent appropriés à notre exigence intellectuelle les métiers (tels qu’ils sont envisagés aujourd’hui) auxquels on peut avoir accès, au débouché de ces études. On passe sept ou huit heures à apprendre à penser – et du jour au lendemain, parce qu’il faut bien se résoudre à entrer dans la vie active, ne serait-ce que pour délivrer ses parents de la charge qu’on représente pour eux, et payer soi-même sa nourriture et son loyer, on se retrouve dans une entreprise à accomplir des tâches idiotes. » p. 77
Comédies françaises, Eric Reinhardt

À propos des enfants
« Aves-vous remarqué que les enfants choisissent toujours la posture la plus incommode pour lire ou écrire ? Ils restent pendant des heures dans une position qu’ils ont l’air d’avoir prise pour un instant… » p. 81
Les démons, Simon Liberati

Bookstagram et les chats
« Adélaïde est astucieuse, pour sauver Clotilde du marasme, elle pense communautés et donc instagrameuses. Rien ne vaut un livre mis en scène par une leadeuse d’opinion, la couverture scintillante sous l’effet du filtre, à proximité d’un chat ou d’une paire de lunettes griffées. » p. 54
Le coeur synthétique, Chloé Delaume