« Les inséparables », un texte court, autobiographique, un roman posthume de Simone de Beauvoir, écrit en 1954, l’année du roman « Les mandarins » couronné du prix Goncourt.
« Les inséparables » est un court roman de Simone de Beauvoir, publié aux éditions de l’Herne explorant l’amitié entre Zaza et Simone, « première aventure du coeur ». Cette amitié sera pour Simone de Beauvoir une expérience tragique fondatrice. Selon Frédéric Beigbeder, « Les inséparables », c’est l’antichambre des « Mémoires d’une jeune fille rangée ».
« Mémoires d’une jeune fille rangée », toute mon adolescence dans un livre de poche jauni et annoté
À 15 ans, je n’avais jamais visité Paris, jamais entendu parler du quartier de Saint Germain des Prés, ni du Café de Flore, ni des Deux Magots. Je ne savais même pas ce qu’était une agrégation. J’ai lu les « Mémoires d’une jeune fille rangée », puis relus, puis re-relus. La découverte d’un autre monde. Un monde dans lequel moi aussi je voulais vivre. Un monde que je continue d’une certaine manière à fantasmer. Je me souviens aussi de ce que j’avais pensé : « Un jour, plus tard, quand j’aurai vécu quelque chose, moi aussi j’écrirai mes mémoires ». J’avais 15 ans et puis vers 18 ans, les nightclubs et les sorties entre amis ont fait diversion. Le livre est resté dans ma bibliothèque, mais Saint Germain des Prés s’est évaporé. Pour pas mal d’années. On sait combien le pouvoir des mots est puissant et d’une manière ou d’une autre, les rêves finissent un jour par faire sauter le couvercle de la marmite qui bout. J’ai souvent lu des interviews d’écrivains pour qui cette oeuvre avait changé le cours de leur vie. Lors de mes passages à Paris, petit rituel un brin snob, il y a toujours dans mon agenda, un moment pour un thé aux Deux Magots.
Faut-il lire « Les inséparables » ?
Les premières pages m’ont plutôt décontenancée, l’univers raconté par l’auteur me semblait tellement désuet. Ces petites filles modèles premières de classe, bof bof, et puis la vie pieuse de la bourgeoisie catholique par le prisme de petites filles de neuf ans qui se confessent à l’église, … la déception me guettait. Mais progressivement le texte, fait poindre l’émancipation de Simone de Beauvoir. Elle commence par s’affranchir du catholicisme et pose par la suite un regard critique sur cette oppression que son milieu impose aux jeunes filles de cette époque et dont Zaza sera, selon Simone de Beauvoir, une victime. Ce court roman, c’est un fort témoignage de la condition des jeunes fille issues de familles aux traditions strictes.
Lire « Les inséparables », pour tout lecteur dont « Les mémoires d’une jeune fille rangée » fut un livre de chevet, me semble une démarche complémentaire pertinente. Vous n’avez pas lu les Mémoires ? Dans ce cas, plutôt que de lire l’oeuvre posthume prequelle, procurez-vous de préférence les « Mémoires d’une jeune fille rangée ». Pour ma part, dans ma liste au Père-Noël, j’ai inscrit « Les Mandarins ». Pour une raison qui m’échappe, ce roman n’est pas encore dans ma bibliothèque et par ces temps de confinement, à défaut de pouvoir sauter dans un TGV pour Paris, j’ai une envie de dingue de refaire un tour littéraire du côté de … Saint Germain des Prés !
La citation
« Quel esclavage ! » pensai-je en regagnant ma chambre. Pas un de ses gestes qui ne fût contrôlé par sa mère, ou par sa grand-mère, et qui ne devint aussitôt un exemple pour ses petites soeurs. Pas une pensée dont elle ne dût rendre compte à Dieu !