No sex in the city
Dites-moi les amis, est-ce que pour vous, cette semaine, ce fut aussi mal aisé que pour moi, de vivre dans cette vraie vie du moment ? Une vie déshabillée de tout apparat festif pour contenir un virus, ascétique et désincarnée. Je ne suis pas sans éprouver une sorte de nostalgie du temps où la ville vibrait de l’ivresse et du frémissement urbain, du mouvement des foules allègres et des bals où Cendrillon et princes charmants, tous en sneakers, ne portaient ni masque ni montre et s’accouplaient grâce à un entremetteur virtuel nommé Tinder, pour une heure ou à volonté. Samedi soir, André, mon voisin de palier trentenaire ne savait plus dans quel bar errer. Ma citrouille a tourné la page de sa période conte de fées et s’est transformée en soupe bien diététique et austère plutôt qu’en carrosse, tandis ma cousine Sidonie, quinquagénaire et célib’ (depuis que son mari a téléchargé Tinder comme appli) m’a envoyé un texto avec plein d’émoticones désespérés, une photo de la rue où elle habite prise après le couvre-feu et complètement désertée, et un message » 21h00, Tinderella = No sex in the city ». Ensuite elle m’ a encore envoyé un texto plein d’émoticones, puis une photo de son verre de vin, du Chardonnay, puis une autre photo avec l’affiche du film Drunk, et finalement un texto avec la photo de la bouteille de Chardonnay, … vide, sacrifiée sous l’autel du célibat en temps de pandémie. Elle a quand même eu quelques matchs sur son profil Tinder. Crush à l’horizon. Y’a plus qu’à enfiler des chaussons de vair entre 6h et 21h.
Mais quel est donc l’âge d’Emily dans Emily in Paris ?
Autour de la série Netflix « Emily in Paris », il y eut pas mal d’articles dans une certaine presse cette semaine, et l’un des débats autour de la série fut la cruciale question de l’âge d’Emily. Question à laquelle Lilly Collins, l’actrice jouant le rôle, avait répondu « C’est peut-être sa première année après l’obtention de son diplôme. Je veux dire qu’elle a 22 ans. » Affirmation suivie de nombreux tweets ironisant sur le job super glamour, sur l’appart’ super glamour en plein coeur de Paris et sur les fringues et les sacs à main super griffés qu’une petite marketeuse fraichement diplômée aurait, d’un point de vue réaliste, eu du mal à obtenir avec un salaire de sortie d’école. Mais c’était déjà la même histoire avec Carrie Bradshaw, la chroniqueuse dans « Sex in the City » qui gagnait assez avec sa chronique pour se permettre un appart’ en plein Manhattan et des pompes de chez Manolo Blahnik. Cela serait un peu comme si Arnaud Viviant allait tous les 15 jours se payer des Weston… L’âge d’Emily, telle fut l’une des cruciales questions de la semaine, miss Collins, tout comme ma cousine Sidonie sur son profil Tinder, ont finalement un peu ajusté le chiffre de l’âge, chacune dans le sens qui les rendait plus crédibles. Les temps sont durs, on s’évade comme on peut ma foi et il faut bien le dire, ni Emily ni Sidonie n’ont d’appétence pour Télérama.
Et moi et moi et moi
Comme mentionné en intro, ce ne fut pas très aisé. De prime abord, ça se présentait pourtant pas mal. On aurait dû avoir droit à une pluie d’étoiles filantes dans la nuit de mercredi à jeudi, les Orionides. Un programme qui convient à mon âme poétique. Mais le ciel gris et le couvre-feu s’en étant mêlés, ce fut un rendez-vous manqué. Malgré mon évitement des actualités anxiogènes ou déceptives, je suis quand même tombée sur l’annonce du retrait de la scène de Keith Jarret, qui après deux AVC, ne peut plus jouer du piano et nous prive donc de ses improvisations virtuoses et planantes. Il restait une dernière carte dans mon jeu de l’espoir la semaine : une invitation au bal masqué dont on avait certes, comme pour les pièces de théâtre, avancé l’heure, mais qui était, à ma grande joie maintenu. J’avais enfilé ma robe couleur du temps et le visage masqué et les pieds chaussés de Louboutin à la semelle rouge, je m’étais rendue au bal avec une envie puérile de jouer les princesses. La réalité rattrape les rêveuses comme Tinder déçoit les amoureuses. N’ayant vu l’heure passer, c’est lorsque j’entendis les 9 coups de 21h que je me rendis compte du problème à venir et aussitôt je détalai, laissant ma cour sous les lustres à pampilles. Dans ma hâte de récupérer la ligne 1 du métro, je trébuchai et mon pied droit se retrouva alors nu, laissant l’une de mes Louboutin seule sur les marches du perron. Contrairement à Cendrillon, vu le prix des pompes, je rebroussai chemin pour la récupérer, mais le temps d’arriver, le précieux escarpin avait déjà disparu. Une petite kaïra s’était empressée de me voler le chausson. Le lendemain, ma chaussure volée était en vente sur Vinted. L’histoire ne dit pas qui l’a achetée. De toute évidence, la page des contes de fées est tournée.
Extra ce billet 👌🏻
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Oh merci beaucoup Agathe 🙏 ! Il y a des soirs comme ça où l’on fait un peu vriller l’actualité 😉
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Il faut, n’hésite pas à vriller🤪 J’ai bien ri !!
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