Journal de bord et autres stéréotypes, J-1

J’aurai donc tenu un journal de confinement…

tout en revendiquant paradoxalement ma préférence pour l’anti-journal. Et ne pouvant que constater, à la pratique du genre, l’évidence d’un enjeu littéraire encore plus réduit et plus nombrilliste que la pratique germano-pratine pré-confinement. Exception, j’aurai tout de même quotidiennement lu celui d’Éric Chevillard. Je vous reparlerai un jour d’Éric Chevillard, mon nouveau crush littéraire.

J’aurai télétravaillé en survêtement,

usé et abusé de Teams. Ainsi, tous mes collègues auront admiré le pan de mur bleu Olympique de Marseille de mon salon et auront eu la preuve qu’il existe bien quelques survêtements dans ma garde-robe preppy. N’allons pas pour autant y voir une  quelconque corrélation avec le mur bleu OM…

Bu l’apéro sur WhatsApp,

fêté des anniversaires confinés, embauché ma fille au black comme coiffeuse-coloriste, coupé mes cheveux moi-même, vécu la déception qu’aucune bête sauvage ne soit venue se promener dans mon lotissement. Sauf à considérer la tarente sur la fenêtre de la montée d’escalier. Je ne suis pas allée jusqu’à envoyer des photos de mon chat aux collègues de travail, ouf… Ledit chat ayant trouvé réjouissant d’avoir un groom sous la main pour lui ouvrir les portes, les fenêtres deux cent fois par jour.

Le jogging,

pratiqué avant le confinement, il aura eu son heure de gloire ces dernières semaines. Je n’ai pas acheté de tapis de yoga, je l’avais déjà. Je n’ai pas lu À la recherche du temps perdu (dites plutôt La Recherche pour paraitre initié) je l’avais déjà lu. Je n’ai pas fait de pain, pourquoi en aurais-je fait ? Je n’ai pas pris les 2,5 kilos du confinement, sans doute grâce au jogging, au yoga et parce que je n’ai pas fait de pain.

Dans la catégorie confiné high level,

ma vieille machine Pfaff s’est demandé pourquoi d’un coup, après tant d’années, on la dépoussiérait, la parait d’une aiguille neuve No 80 et la remettait au turbin pour lui faire coudre des carrés de 20 centimètres sur 20. Genre, je vaux mieux que ça. Je lui ai gentiment expliqué que créer ma robe Festival de Cannes, on verrait ça plus tard, que c’était pas la priorité. Ma Pfaff est une chieuse comme sa propriétaire et a rétorqué, Okay, Louise Adèle, couds des masques si ça te chante, mais je les veux en tissu Liberty. Ce qui tombait un peu bien, puisqu’il m’en restait plein, en vue d’un patchwork jamais confectionné.

Dans la catégorie confiné very high level,

j’ai demandé à ma fille d’agilement quitter son poste de coiffeuse-coloriste pour une  mission de cadreuse, toujours au black. Tatatatam … exercice de la vidéo de confiné ! Je vais vous dire, ça parait simple comme ça le truc. Tu te dis, je prends le smartphone, je filme, chante, joue de mon instrument, une bonne âme à tendance geek fait le montage et hop le truc est bouclé ! Ça m’a pris déjà une heure pour déterminer quel était mon profil le plus avantageux, deux de plus pour piger le fonctionnement de Garage Band, et à ce stade j’avais toujours pas chanté. Mais ma fille la « cadreuse » a sauvé le truc, en sus d’avoir mis la touche chargée de comm’ en me dissuadant de danser « la choré qui tue ». Puis, effet salvateur, les musiciens ont relevé le niveau de mon incompétence studio, ensuite la bonne âme à tendance geek a fait « le montage qui tue » et ça a donné ceci :

 

Après tout ça, que faire à partir de demain ? Monter de quelques crans et écrire un roman ? Ce qu’on peut en dire c’est qu’en confinement, ma vie est rudement stéréotypée ! 😉