Covid19 – Journal de bord, Vendredi 20 mars, propagation du journal de confinement

« J’ai demandé à mes étudiants de l’atelier d’écriture de commencer à tenir un journal. » Roberto Ferrucci, Je vous écris d’un pays fermé, l’Italie Tribune Le Monde, 14 mars 2020.

JOURNAL DE BORD D’UN CONFINEMENT

Tout le monde y va du sien, blog, vlog, et quand je dis tout le monde, c’est même Le Monde, puisque ce quotidien auquel je suis abonnée va désormais régulièrement publier le journal de Leila Slimani, Eric Chevillard, et éventuellement d’autres. Je m’interroge. Ai-je vraiment envie de lire le journal de confinement de Leila Slimani, partie se réfugier avec sa petite famille dans une charmante maison de campagne ? Par ailleurs, et je m’en réjouis, je lirai son dernier roman, acheté in extremis juste avant le confinement, oui j’en ai envie. Mais ce confinement, soyons francs, pour un écrivain en bonne santé, c’est une  aubaine, une sacrée opportunité pour se défaire de tout engagement et pouvoir écrire sans avoir à se justifier de ne pas vouloir aller au repas d’anniversaire de truc ou de machine. Un alibi sans compromis pour fuir toute contrainte sociale synonyme de frein à l’écriture. Alors ? L’écrivain retiré dans sa cabane sera-t-il le mieux placé, le plus légitime, pour témoigner de cette crise sanitaire ? La prochaine rentrée littéraire nous le dira…

À dire vrai, depuis plusieurs semaines déjà, il me tenait à coeur de repartir sur un projet d’écriture que, je l’avoue, j’avais peine à démarrer. Les idées ne manquaient pas, mes carnets de notes sont remplis de petites phrases, de personnages, pourtant rien n’émergeait concrètement. Je voulais écrire une comédie, légère, intelligente et drôle. On croit que c’est facile d’écrire des trucs légers. L’art valorise la tragédie et dénigre la comédie. Personnellement, je trouve que c’est une tâche bien plus ardue d’aller chercher la chose gaie lorsque, tout autour, rien ne tient plus debout, que de puiser dans la mélancolie, même quand tout baigne. C’est sans doute la raison pour laquelle je tiens en équilibre littéraire dans une forme de désespoir frivole.

Que vais-je consigner sur ce blog dans les prochains jours ? Dans les prochaines semaines ? Aucune idée. C’est justement pour cela que je le fais. Parce que, contrairement à mes habituels projets d’écriture, ici, je ne connais pas la fin, la durée est indéterminée et le contenu, rapidement caduque, se crée au fil des jours de confinement.

 

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