Delphine et Monsieur Arnaud, Oh les beaux jours !

Jeudi de l’Ascension, ça y est, les températures estivales se manifestent enfin ! Certes avec quelque retard, car tout le monde attendait sur les starting blocks, ce moment où enfin, à Marseille, on ressort les claquettes, les tongs, les Birkenstock et autres tatanes qui rythment un pas nonchalant et que pour des raisons qui mériteraient une petite séance sur le divan, j’exècre.

Au théâtre La Criée, c’est le festival de rencontres littéraires Oh les beaux jours !

Les écrivains Delphine de Vigan et Arnaud Cathrine seront sur la grande scène pour une rencontre. Arrivée au Vieux Port en métro, je me dirige vers le quai de Rive Neuve tandis que les passants aux allures « I am going to the beach » donnent le ton. C’est vrai que le temps est magnifique et qu’on se demande si les littéraires seront plus tentés par une promenade sous le soleil méditerranéen ou par la rencontre de deux écrivains dans une salle obscure. Pour moi, c’est tout vu, pas d’hésitation ! Le soleil accélère le vieillissement cutané tandis que les propos d’écrivains stimulent ma créativité.

Si Delphine de Vigan est la tête d’affiche de cette rencontre, j’avoue qu’à ce jour je n’ai encore lu aucune de ses oeuvres. Pour ma part, je suis venue écouter Arnaud Cathrine, auteur chez Verticales tout récemment découvert et dont j’ai beaucoup apprécié la dernière oeuvre, J’entends des regards que vous croyez muets, des micro-récits où l’auteur s’amuse à capturer et imaginer les vies d’un passant, une caissière, des voisins de table au restaurant, des inconnus, le tout avec ironie et une certaine tendresse.

Assez souvent, il m’arrive de découvrir un auteur et de me dire « Mais comment j’ai pu passer à côté, ne pas le connaitre avant, ne pas tomber sur un de ses bouquins, durant tant d’années. » Il en va ainsi, tellement de publications par an, je suppose que c’est normal de ne pas tout repérer… Donc, vous l’aurez compris, Arnaud Cathrine est venu rejoindre ma liste des auteurs à suivre.

Durant cette rencontre, il est question de l’impact de l’écrit sur les proches et sur les personnes éventuellement citées ou ayant inspiré un personnage. Se reconnaitra-t’il –  elle ? Et la caissière ? Sait-elle qu’elle est devenue l’héroïne d’un micro-récit et que toute personne ayant lu le livre d’Arnaud Cathrine et fréquentant son supermarché la reconnaitra… Où est la limite ? Jusqu’où l’écrivain peut-il aller ? Delphine et Arnaud sont des pudiques et disent auto-censurer leurs écrits pour ne pas aller trop loin dans la possibilité de blesser autrui.

Il est également question de reconnaissance au sens gratitude, la littérature n’est-elle pas aussi un moyen, l’opportunité de témoigner une forme de reconnaissance pour des personnes, des corps de métier, ou la reconnaissance d’une marginalité. La littérature, un moyen de dire aussi : Merci. De mettre en avant. Une personne, une catégorie de personnes.

Les oeuvres de Delphine de Vigan semblent résolument contemporaines, tandis que la dernière oeuvre d’Arnaud Cathrine a gagné en humour et dérision versus les précédentes, tout comme l’auteur qui, un peu comme moi, s’est un jour dit que de toujours tout prendre au sérieux, c’était peut-être pas la peine.

Jeunes gens, humour et dérision d’accord, mais on n’ira tout de même pas jusqu’à se promener en tatanes en pleine ville,  n’est-ce pas ? Je vote pour une touche de glamour made in Marseille ! Mais on s’égare ! N’oublions pas le plus important, cette rencontre littéraire fut des plus sympathiques, tout comme les auteurs présents !

Oh les beaux jours ! 28 mai au 2 juin 2019, à Marseille