Faire sonner mon réveil un dimanche matin, voilà qui annonce una giornata particolare. L’avant-veille, nous décidons de renouer avec un rituel laissé en jachère depuis quelques années, notre virée à la Fête du Livre du Var. Une raison valable pour me dispenser de grasse matinée.
Tandis que mes céréales bio s’imbibent progressivement d’un Actimel nature, sur mon téléphone portable, je parcours la liste des auteurs invités au salon. Des petits caractères que ma paire de lunettes un brin périmées ne parviennent pas à lire. De ce rapide balayage, il ne me semble repérer aucun de mes auteurs fétiches. Bah, tant pis, on verra ça une fois sur place.
Nous partons. Une belle journée ensoleillée. Quelques kilomètre après notre départ, je m’aperçois que mes lunettes de vue sont restées sur la table de la cuisine. Déambuler dans les allées d’un salon du livre sans pouvoir lire ne serait-ce qu’une quatrième de couverture, ça s’annonce plutôt flou. Jusqu’au moment où les gilets jaunes qui bloquent l’accès au péage de l’autoroute Marseille – Toulon règlent la netteté de ma vue et nous contraignent à sortir de l’autoroute à la Cadière d’Azur. Les petites routes sillonnantes, le mal des transports et à nouveau les gilets jaunes pour récupérer l’autoroute en file indienne à Bandol. On se dit qu’on sera en retard, que c’était pas le bon jour, que c’est le bazar, mais on poursuit la route vers les livres. Et puis sans autres péripéties, nous arrivons sous le chapiteau, place d’Armes à Toulon.
Puisque je n’ai pas de programme précis d’auteurs à rencontrer, je décide de me laisser porter par la symétrie des allées et commence un premier repérage. Mon errance est très vite interrompue lorsqu’à ma gauche, mes yeux sans verres de correction repèrent une couverture de livre très identifiable. Un roman de la rentrée dont j’ai vu passer quelques critiques sympa sur Bookstagram, et dont j’envisageais prochainement l’achat : « Réelle » de Guillaume Sire aux Éditions de l’Observatoire.
Les dernières nausées, rescapées du trajet sur petites routes de campagne, s’évaporent aussitôt, l’écrivain est présent, j’entame une sympathique discussion avec l’auteur du roman précité. Me voilà requinquée, oubliant complètement mon scepticisme initial quant à l’idée de trouver un auteur à mon goût. Je dirais même que je suis enchantée.
C’est dans cet état d’esprit que je poursuis mes déambulations, guignant sur les tables, reconnaissant les maisons d’édition au format et à l’esthétique de la première de couverture. C’est ainsi que rapidement, j’identifie une pile d’ouvrage d’une maison d’édition que j’affectionne particulièrement : P.O.L, dont le logo est constitué de sept pastilles en référence au jeu de go. Ma surprise est grande lorsque je me rends compte que l’auteur est Nicolas Fargues, un écrivain dont j’avais découvert et apprécié la plume en février dernier. La discussion s’engage facilement et tourne autour du thème de la démarche d’écriture. J’avais adoré son roman Je ne suis pas une héroïne, J’opte cette fois-ci pour son dernier opus, Attache le coeur, un recueil de portraits.
Les auteurs quittent un à un leur chaise, certes une pause déjeuner ne sera pas de refus. Pour nous non plus. Ces rencontres littéraires inattendues m’ont prises au dépourvu et je suis ravie des deux livres dédicacés avec lesquels je repars légère, ayant comme seule interrogation Par lequel vais-je commencer ?
Le ciel est toujours bleu, les aires de péages Toulon – Marseille sont encore teintées de jaune. Pour ne pas biper, le badge de télépéage est planqué sous les deux livres dédicacés. Je me dis que les visites de salons du livre sans programme précis ont finalement du bon.