Clara Stern. C’est avec un grand plaisir de lectrice avide de forme que je retrouve Eric Laurrent et son second degré maniériste, dans ce roman de 2005. Une lecture qui me fut vivement conseillée par le libraire du stand Minuit, lors de mes déambulations à Livre Paris, en mars dernier. J’avais découvert l’auteur avec Un beau début (cf ma chronique du 15 janvier 2018), je poursuis l’exploration de la bibliographie d’Eric Laurrent et retrouve à nouveau dans cette lecture, le style maximaliste et le vocabulaire sophistiqué que l’auteur revendique comme inspiré de Marcel Proust et Claude Simon.
Ici, le thème est on ne peut plus cliché. Le narrateur, un don Juan Sex, Drugs and Bars, déclinaison de type Frédéric Beigbeder des années 99 francs, rencontre la belle Clara Stern dans un bar branché de la rue Oberkampf. Il imagine tout d’abord que sa quête est du même ordre que toutes les précédentes, soit strictement charnelle. Or, au bout de quelques temps, il doit se rendre à l’évidence… il l’aime éperdument. Mais elle ne l’aime pas.
Tout ceci pourrait nous sembler d’une décevante banalité, mais Eric Laurrent est bien la preuve que le style fait la force de l’écriture et que ce qui compte n’est pas ce que l’on raconte ni de quoi on parle, mais comment on le raconte ! Comme dans Un beau début, l’humour habite toutes les descriptions interminables et phrases sophistiquées du roman, descriptions qui sans ce second degré chronique, auraient sans doute donné un air de préciosité ridicule à l’opus. Cette forme d’écriture un brin désuète aura sans doute ses réfractaires. Pour ma part, je m’amuse énormément à lire ces phrases de salon dans lesquelles il se trouve toujours un mot inconnu et qui souvent contrastent avec la réalité de l’objet décrit : « … un mouchoir en papier sur lequel elle avait, en les pressant dessus comme elle faisait chaque fois pour en ôter le surplus du rouge dont elle venait de les farder, laissé l’empreinte de ses lèvres en un cercle parfait, à larges bords, dont la pâte sanguine et un peu grasse était striée, voire entaillée de gerçures… »
On ne racontera pas comment se termine ce marivaudage, mais ce que l’on peut révéler, c’est que ce roman a fait l’objet, en 2008, d’une suite : Renaissance italienne. Un titre prometteur, aux allures de quasi spoiler.
Eric Laurrent conserve une place de choix dans ma bibliothèque et me donne fort envie d’effectuer un petit voyage littéraire du côté de l’Italie ! Ciao Ciao !
Clara Stern, Éric Laurrent, 190 pages, Les éditions de Minuit.
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