Charlotte Perriand « Me définir, c’est me limiter »

« Me définir, c’est me limiter », disait-elle. *

Architecte, designer, urbaniste, photographe, directrice artistique. Effectivement, pourquoi limiter, compartimenter, pourquoi devoir nécessairement choisir, définir…

Moins célèbre que son associé Le Corbusier, Charlotte Perriand gagne à être mise à l’honneur et c’est ce que propose l’exposition Le Monde nouveau de Charlotte Perriand à la Fondation Louis Vuitton.

J’avais eu l’occasion d’écouter les entretiens de la série « À voix nue » sur France Culture et déjà, le parcours de la créatrice m’avait fascinée. Puis, lors d’une visite d’un appartement témoin de la Cité Radieuse à Marseille, j’avais découvert les cuisines aménagées, agencées par Charlotte Perriand.

Nul besoin d’être un grand connaisseur en modernisme pour  apprécier cette exposition dont la proposition est très accessible. Évidemment, il vaut mieux aimer le design et être branché Eames ou George Nelson plutôt que Louis Philippe !

Je vous le livre tel quel, cette exposition m’a complètement enthousiasmée ! Je me demandais si, une fois vus les objets emblématiques tels que le fauteuil lc2 ou ses bibliothèques iconiques, je n’allais pas m’ennuyer ou être larguée. Que nenni ! Fascination totale d’un bout à l’autre de l’exposition ! J’y ai découvert certes le travail de l’artiste, mais aussi le dialogue avec celui des créateurs et associés qui gravitent autour d’elle. Le Corbusier, Pierre Jeanneret, Fernand Leger. Quelques oeuvre de Picasso aussi. Et plus particulièrement, au delà des objets, l’exposition met en valeur une démarche, un art de vivre, un engagement politique et une vie en avant-garde.

Ces créateurs définissent un espace dans lequel ils nous invitent à repenser notre rapport à l’art, à la nature et à l’autre. … Ce qui était essentiel pour elle dans une habitation, c’était la possibilité de rêver.  *

J’observe ses travaux pour le Salon d’automne 1929 et me dis Incroyable à quel point tout ceci semble encore si moderne ! J’admire ses idées d’agencements fonctionnels mais dotés d’une esthétique poétique. Je me rêve, écrivant ou lisant, dans son astucieux refuge Tonneau de 1938. Je m’allonge sur la Chaise longue basculante. Je me projette dans son esthétique minimaliste ramenée de ses voyages au Japon. J’apprécie un peu moins ses projets architecturaux des Arcs. J’envie sa vie avec sa « bande de potes », une vie de création. Un art de vivre. Pour Charlotte Perriand, tout est sujet à création artistique. Il lui suffit de porter un regard poétique et libre sur l’objet. Charlotte Perriand est un électron libre doté d’une grande puissance visionnaire.

Je déambule dans les salles de la Fondation et me nourrit du Monde nouveau de l’audacieuse Charlotte Perriand. Une manière d’appréhender la vie qui m’inspire…

Ami n’entre pas sans désir Paul Valéry

* revue « Connaissance des arts », hors-série « Le Monde nouveau de Charlotte Perriand »