BF, … pas pour la vie « Sous le soleil de mes cheveux blonds » d’Agathe Ruga

Agathe Ruga aka Agathe the Book, jolie trentenaire,  l’une des bookstagrammeuses les plus suivies sur Instagram, on like, on lit ses chroniques sur son blog Agathe The Book et ces derniers mois, on a également une petite fenêtre sur son actu perso, exit le métier de dentiste, welcome le monde des livres – pour la circonstance une magnifique bibliothèque dans le salon – dans la foulée, une grossesse (y’a déjà deux p’tites princesses à la maison) et maintenant on fait quoi ? Et si on publiait mon premier roman ?

Tout ceci pourrait sembler lisse et s’inscrire dans le scénario d’une Rom Com. J’aurais pu partir avec un a priori, mais quelque chose me dit que ce premier roman d’Agathe, Sous le soleil de mes cheveux blonds publié aux éditions Stock dans la collection Arpège, il faut que je le lise.

Je profite d’une formation à Lille pour entrer dans la librairie Le Furet du Nord. On m’a dit, toi qui aimes les livres, faut absolument que tu y ailles ! Oki Doki ! À l’intérieur des livres partout partout, un choix énorme, pointu, grand public, il y en a pour tous les goûts, toutes les exigences, je suis super agréablement surprise et déambulant dans les rayons de littérature française, je tombe sur le premier roman d’Agathe Ruga, lu d’une traite dans le TGV retour Lille-Marseille. D’emblée, la structure me plait, la manière d’aborder les thèmes et les questionnements qui habitent l’auteur également.

The initials BB

Brigitte, une blonde, bourgeoise, réservée et control freak. Brune, une brune entière, au schéma familial instable et au tempérament extraverti. Les deux se lient d’une amitié complice au lycée et puis un jour, quelques années plus tard, Brigitte raye Brune de sa carte. Elles ne se revoient plus. Brune est enceinte, Brigitte vient hanter ses rêves.

Le premier roman d’Agathe Ruga se situe dans cette tranche de vie où on n’est pas encore obligé de rentrer dans le moule normé de l’adulte responsable, cependant, il questionne plusieurs thèmes intemporels comme la disparition, la déception. La B.O. du roman, du France Gall, amène une couleur vintage qui ne place pas complètement le roman dans la génération 2.0.

La disparition,

c’est ces gens qu’on fréquente, à qui on raconte plein de trucs, avec qui on sort souvent et puis un jour on se perd de vue, on ne sait pas toujours pourquoi et on ne se voit plus. Parfois l’un des deux l’a décidé, la relation n’est plus en adéquation avec ce qu’il/elle veut être. Ou l’autre prenait trop de place, on ne respirait pas bien, mais on n’osait pas vraiment lui dire, il/elle nous épuisait, on s’est lassé. Brigitte rompt le lien d’amitié entre elle et la narratrice, on ne saura pas tout à fait pourquoi, on pourra l’imaginer en fonction de nos propres affects et expériences. Pour Brune, une grande déception.

La déception,

Marcel Proust la raconte très bien dans À la recherche du temps perdu, ce grand écart lorsque la réalité vient supplanter l’image qu’on s’est fait d’une expérience. Des déceptions, la narratrice en vivra plusieurs, non des moindres, et l’auteur décrit, je trouve, avec beaucoup de sensibilité et d’honnêteté ces expériences déceptives qui jalonnent le parcours de Brune.

Être entière, ça a quelles conséquences sur les autres ?

C’est là où je trouve intéressante la différence entre les tempéraments de Brune et de Brigitte. Brigitte, toute coincée dans son schéma bourgeois conformiste n’a pas envie de faire de vagues, ni de foutre le bazar autour d’elle. Quant à Brune, ce n’est pas qu’elle ait envie de foutre le bordel, elle a envie de vivre et ça déborde. Sauf qu’au milieu de tout ça, il y a des proches, un mari, un bébé, des amis, des parents. Le roman questionne aussi les conséquences de nos actes et de nos choix sur les personnes qui nous entourent. Pour moi – mais ce n’est que mon interprétation – c’est aussi la clé de la rupture entre B & B.

Alors, ce premier roman ?

Je suis complètement conquise, bien au delà de ce que j’imaginais. La forme est intéressante et maitrisée, quelques petites formulations dont je ne suis pas fan, mais si peu. Et surtout, une très grande sincérité dans l’écriture qui m’a complètement embarquée, qui a suscité beaucoup de réflexion, a fait écho et a rejoint une question fondamentale qui m’habite depuis longtemps, Est-ce qu’on choisit sa vie. Agathe Ruga semble être capable de choisir la sienne.

« À vingt ans, j’aurais dû faire valser mes hormones et expirer le bonheur par les trous de nez. Danser tous les jours et tortiller du cul. Lire toute la Pléiade et Proust entre deux insomnies. J’aurais dû être en préparation littéraire, mais que faire de mes regrets ? »

Sous le soleil de mes cheveux blonds, Agathe Ruga, Stock arpège.

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