Atelier d’écriture, rythme circadien et le Belleville-sur-Mer

Samedi 23 février, les adhérents marseillais du Cercle littéraire des écrivains cheminots se retrouvent à nouveau pour un atelier d’écriture. Cette fois-ci, la session est matinale. Aïe, petit détail, … mon processus créatif ne s’enclenche pas avant 15h00.

Et oui, que voulez-vous, je me revendique comme l’antithèse d’Amélie Nothomb pour qui le rapport au monde s’établit à 4 heures du matin et qui écrit jusqu’à 8 heures. J’ai compris assez rapidement, depuis que je pratique l’écriture de manière régulière, que mon rapport au monde à moi, c’est plutôt à l’heure du tea-time que ça commence. Dans les heures qui précèdent, je suis en phase de réception, pas d’émission. Limite plante verte. Puis-je vraiment lutter contre mon propre cycle circadien ? Avez-vous constaté vous-mêmes que certains moments de la journée étaient plus propices à l’écriture que d’autres ? Respectez-vous votre biorythme ? Enfin, en tous les cas, cet atelier s’annonce rude pour mes connexions neuronales encore ankylosées. Anne, ma soeur Anne, y’aurait pas une machine à café dans le coin ?

Quand je vous disais rude, je n’avais pas encore l’énoncé du premier exercice. Notre animatrice préférée arrivée de Paris est en forme ! Pour nous mettre ingambe, elle nous invite à un petit jeu d’écriture, imaginer la définition des deux substantifs suivants : LOGOGRAMME et PHYLACTERE. Soit la définition correcte si on la connaît, soit une définition qui serait le fruit de notre imagination. Alors Anne ma soeur Anne, toujours rien ? Pas de café ?

Cet échauffement permet la transition vers l’exercice suivant, un texte comprenant dix mots imposés, dont les coriaces protagonistes Logogramme et Phylactère. Phylactère ! Phylactère ! Est-ce que j’ai une gueule de phylactère ? Les exercices s’enchainent, les minutes passent vite et ma créativité stagne, voire régresse. Mon déclin littéraire annoncé nous amène tout de même à l’heure de la pause déjeuner.

Une table est réservée au Belleville-sur-Mer.

La mention « sur-Mer » me préoccupe, allergique aux coquillages et crustacés, j’ai faim, et n’ai guère envie de me retrouver coincée entre une salade verte et une crème brulée pour éviter les allergènes de la carte des mets. Mais me voilà, dès mon arrivée dans le charmant bistrot, tout à fait rassurée. D’une part, le service est frais, super sympa et efficace. D’autre part, la carte du Belleville-sur-Mer est restreinte – gage de fraicheur – et les risques d’urticaire géant tout à fait évincés. Non, cette journée ne sera pas placée sous le signe de la biologie contrariée. J’opte pour une soupe de Topinambour, exquise, légère et des plus originales. J’enchaine plus classiquement avec un filet de saumon. À table, l’ambiance est culturelle. On parle peinture, expos, qui préfère-t-on, de quel artiste s’est-on lassés, lequel nous embarque complètement, et celui-ci ? Tiens, je ne le connaissais pas, notons. Notre table est au fond de la salle. Sur la terrasse, les tables sont toutes occupées, ensoleillées. À quelques mètres de là, le palais Longchamp, des gens allongés sur la pelouse sont venus chiller. L’ambiance est sereine. Les cafés sont maintenant servis.

Down the boulevard Longchamp.

Avant de rentrer, j’ai prévu un saut au théâtre de la Criée, afin de récupérer des places réservées. Je décide de m’y rendre à pied, depuis le Belleville. Lunettes de soleil sur le nez, je m’engage sur le boulevard Longchamp, dos au palais éponyme. Je longe les immeubles de style haussmannien, le calme ambiant me surprend. Il est vrai que je ne passe jamais dans le coin à pied, et je remarque que l’accès au boulevard semble désormais uniquement accessible au tramway. Donc pas de voitures, pas de bruit de moteur. Je marche, passe devant le Longchamp Palace, respire, capte la luminosité et dans ce décor marseillais, je sens alors l’inspiration m’envahir. Je regarde l’heure, il est 15h00. Mon cycle circadien, métronomiquement, enclenche le processus créatif…

Photo Pierre Castro