J’adresse mes remerciements aux Éditions Erick Bonnier pour cette lecture.
Robin, le narrateur, est né un 13 décembre 1977, jour de la sortie du tube mondial Stayin’ Alive. Il écrit n’avoir jamais été un enfant « J’ai eu de la gravité à l’âge de l’insouciance et je suis devenu léger lorsque les autres sont devenus sérieux. » Il détestait le dimanche « un presque lundi qui ne laisse aucune place au vagabondage » et aimait Valentine, son amie de pré-adolescence. Presque quarante ans plus tard, Robin n’aura pas su vieillir, n’aura fait que vivre, meurt précocement, … le massage cardiaque effectué par les pompiers à la cadence du tube légendaire ne le retient pas. Valentine pleure, tout le monde pleure. Sauf lui. Première partie : The End.
On relit alors l’une des cinq épigraphes du roman choisies par l’auteur, Christian Moguérou : « La mort ce n’est désagréable que pour ceux qui restent. » Jacques Higelin. On parcours aussi la bio du précité Christian Moguérou, on guigne un peu plus loin, l’intitulé de la deuxième partie du roman : Rebirth. Renaissance du disco ? …
Créateur des magazines Jalouse et L’Optimum, il fêtera ses cinquante ans dans quelques jours, journaliste, producteur et écrivain, Christian Moguérou nous embarque dans un roman générationnel où il est question d’années de jeunesse dont on se souvient, de patrimoine culturel transmis par les parents et de ce qu’on en fait. Stayin’ Alive est aussi – et c’est l’angle de lecture que j’ai adopté – une promenade musicale et culturelle autour des Bee Gees et du second single de la bande originale du film Saturday Night Fever.
La promenade commence par un prénom. Sa mère, professeur de français et de latin voulait l’appeler Romain, hommage à Gary. Mais ça sera Robin pour Robin Gibb qui l’emporte, choix du « paternel » chez qui tout « respirait la dévotion anglo-saxonne. »
On passe par le château d’Hérouville où les Bee Gees, Elton John, David Bowie, les Pink Floyd, venaient enregistrer leurs tubes. Là où le « paternel » est embauché par le propriétaire des lieux, Michel Magne.
Michel Magne c’est la bande originale des Fantômas, la musique des Angélique, le générique de Cinq colonnes à la une. « Michel a inventé avec le château d’Hérouville ce qui s’est largement répandu depuis, c’est-à-dire le studio d’enregistrement résidentiel. »
Et puis New York. On lit le New Yorker, on croise Janet Groth la fameuse réceptionniste du journal précité, on fume des Pall Mall, on s’installe au Harry Cipriani, le restaurant snob de l’hôtel Sherry Netherland. On y croise un journaliste désinvolte et passionné de musique, chroniqueur people vivant à l’année au Sherry, dans une suite supérieure du dixième étage. Il proclame la condamnation à mort du slow.
Toujours New-York, le Twenty One. Aujourd’hui repère de hipsters cravatés et de journalistes du New York Times, à l’époque la cantine de tout le gratin new-yorkais. On venait y écouter du bon jazz.
Excès de zèle ou parti pris, le roman regorge d’aphorismes et de citations (trop à mon goût). Les amateurs seront donc servis et pourront parcourir les pages armés de feutres fluorescents couleur disco.
Stayin’ Alive, une métaphore du disco resté vivant ? Un roman pour l’été, à lire accompagné d’une playlist disco funk 🕺🏽et pour les amateurs, on y ajoutera … quelques slows
« Barry, Robin et Maurice, trois frères, ont fait danser le monde entier et, encore aujourd’hui, personne pour venir faire taire un DJ coupable de programmer « Stayin’ Alive ». »
Stayin’ Alive, Christian Moguérou
Erick Bonnier éditions
Format 145X190 184 pages
EAN 9782367601342
Un extrait de cette chronique disponible sur Instagram : louise_adele_