Homo Numericus

Le 27 avril prochain se déroulera à Marseille, à la Friche Belle de Mai, HomoNumericus. Une conférence qui questionnera l’impact du numérique sur notre société et tentera d’imaginer l’Homo Numericus de demain. Cet être connecté qui ne sait plus se passer d’une vie numérique. Un chercheur de Graal qui pourtant, se demande parfois si cette vie algorithmique et hyper connectée a un sens. Et aussi, qui elle sert…

Je ne sais pas pourquoi, j’ai repensé au roman « La carte et le territoire » de Michel Houellebecq, publié en 2010 et ayant reçu le prix Goncourt. Je me souvenais vaguement d’un passage supposé se passer dans le futur, j’ai retrouvé ledit passage. La date n’est pas précisée, on peut estimer que la scène se passe autour de 2035.

Voici l’extrait, on se trouve dans un village rural de la Creuse : « Un peu sonné il s’arrêta sur la place principale, et reconnut le café qui faisait face à l’église. Il reconnut plutôt, l’emplacement du café. L’intérieur, avec ses lampadaires Art Nouveau, ses tables de bois sombre aux piétements de fer forgé, ses banquettes de cuir, voulait manifestement évoquer l’ambiance d’un café parisien de la Belle Époque. Chaque table était cependant équipée d’une station d’accueil pour laptop avec écran 21 pouces, prises de courant aux normes européenne et américaine, dépliant indiquant les procédures de connexion au réseau Creuse-Sat – le conseil général avait financé le lancement d’un satellite géostationnaire afin d’améliorer la rapidité des connexions Internet dans le département, apprit Jed à la lecture du dépliant. »

En relisant cet extrait aujourd’hui, soit seulement huit ans après la publication du roman, on peut se rendre compte à quel point l’évolution du numérique s’est accélérée et combien cette description, supposée futuriste, est déjà presque old school…

Les mieux placés pour parler de l’Homo Numericus sont sans doute les digital natives. Alors j’ai interviewé ma fille, une adolescente de seize ans, connectée d’une façon que je qualifierais de raisonnée. Voici sa vision de l’Homo Numericus : « D’un côté, les réseaux sociaux, ça crée un lien social. En même temps, ça te coupe de la vraie vie car on s’imagine un monde virtuel qui n’est pas représentatif du monde réel. Si tu n’es pas sur les réseaux sociaux, on ne t’invite plus aux sorties parce que t’es pas dans le groupe, donc ça devient une injonction sociale. Dans certains cas, ça peut même créer des addictions… »

Et moi j’en pense quoi de l’Homo Numericus ? Terminons avec une note d’humour… Franchement, jeunes gens, depuis que j’ai plus besoin de me trimbaler ni Walkman, ni bouquin, ni Filofax, ni guide du Routard, ni dictionnaire pesant une tonne, que bientôt je n’aurai plus besoin de porte-monnaie, ni de pièce d’identité et que dans mon sac à main il ne restera qu’un tube de rouge à lèvres (de préférence de la marque Kat von D.), des lunettes de vue et un smartphone à batterie hautement performante, bye bye les sciatiques, welcome la désinvolture, le mini sac griffé et la légèreté ! 😉