Allons droit au but ! Non, cette chronique n’est pas rédigée sur un gradin, virage Nord du stade Vélodrome de Marseille. On s’installe plutôt au 1bis place Vendôme à Paris, décor de « Microfilm », deuxième roman d’Emmanuel Villin. Donc droit au but pour vous faire part de mon enthousiasme pour ce livre, mon coup de cœur au carré de cette rentrée littéraire de janvier. Un grand merci à Jonathan de la librairie Delamain à Paris, pour son conseil de lecture avisé !
Un figurant de cinéma, aspirant acteur raté, se voit proposer par Pôle emploi un poste requérant des compétences en microfilms et site web. Magie des mots-clés, l’intelligence artificielle a repéré sur le CV du figurant la mention « rédacteur pour la revue Microfilm et son site web »… Voilà donc, sur ce malentendu algorithmique, notre personnage embauché par une mystérieuse « Fondation pour la paix continentale », sise au 1bis place Vendôme. Une structure venant de se créer, dont on ne saura pas grand chose de sa vocation. Ni d’ailleurs pourquoi elle exclurait la paix insulaire de son champ d’action…
Le roman est rédigé à la troisième personne et au présent. On se promène du côté de Patrick Modiano pour les déambulations parisiennes qui jalonnent l’ensemble du roman, tandis que les personnages et l’humour distancié d’Emmanuel Villin me rappellent certains romans de Jean-Philippe Toussaint, de Jean Echenoz et plus récemment de Marion Guillot. L’auteur revendique d’ailleurs parmi ses influences littéraires, Modiano et l’école Minuit. De manière romanesque et kafkaïenne, c’est l’absurdité du monde du travail qui est dépeinte dans cette fable absurde. Les cinéphiles avertis apprécieront les nombreux clins d’œil et références, jusque dans l’excipit du roman. Quant aux salariés du monde de l’entreprise, ils ne pourront s’empêcher de faire le lien avec la réalité de leur propre quotidien… qui parfois dépasse la fiction. La servitude volontaire, racontée dans ce roman, est sans doute le sort du statut de salarié, en échange d’une rémunération. Mais l’avantage dans « Microfilm » c’est qu’on sourit. La littérature est alchimiste et transforme le plomb en or… ça tombe bien, car de l’or, le roman de cette place Vendôme désincarnée d’Emmanuel Villin en regorge ! Un roman à lire !
Un extrait :
« -Ah, j’oubliais, une dernière chose : avez-vous un passeport en cours de validité ?
⁃ Oui.
⁃ À l’avenir, ayez-le toujours sur vous, on ne sait jamais.
⁃ On ne sait jamais quoi ?
⁃ Justement, on ne sait jamais. »
« Microfilm » Emmanuel Villin Asphalte éditions 177 pages.
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