« Un beau début » d’Éric Laurrent, j’ai lu ce livre en décembre, une heureuse découverte ! En effet, si je connais plutôt bien le catalogue littérature des éditions de Minuit, de cet auteur largement sous-estimé, je n’avais encore rien lu. C’est très enthousiaste que j’ai refermé ce livre au titre ironique qui se concentre sur le milieu, la naissance, l’enfance et l’adolescence de Nicole Sauxilange, future Nicky Soxy, starlette des années 1990.

On connaît Les éditions de Minuit pour leur ligne éditoriale exigeante, une recherche formelle et des écritures plutôt minimalistes. Éric Laurrent, c’est le maximaliste de la maison, une écriture néo-proustienne aux longues phrases et aux termes érudits, voire inventés, tels que pédonculeuse, éphélide ou montueux. Mais ne nous leurrons pas, dans « Un beau début », on n’est ni du côté de Guermantes ni du côté de chez Swann, l’auteur use d’un langage de salon truffé de duchesses, pour décrire un milieu populaire et une atmosphère très zoliens. Nicole Sauxilange est une cousine de Nana et de Nabilla, une jeune fille cherchant à devenir célèbre sans posséder aucun talent. On peut même qualifier « Un beau début » de roman naturaliste. J’y ai d’ailleurs décelé, dans certains passages, cette question de l’influence de l’hérédité, traitée dans l’oeuvre d’Émile Zola.

Assez tôt dans le roman, on lira le destin tragique de Nicky Soxy, on n’en saura pas vraiment les raisons, un détail nous est livré sous forme de note de bas de page : même sur son lit de mort, elle portait de hauts talons. Nicky garde ses deux chaussures comme une chose précieuse, de toute manière, inutile d’en laisser une sur le perron, car au bal d’Éric Laurrent, les princes charmants n’existent pas…

Je vous conseille vivement cette lecture si :

• Tout comme moi vous êtes un inconditionnel du catalogue des éditions de Minuit.
• Vous n’avez pas le courage de vous lancer dans la lecture de « A la recherche du temps perdu », mais pour deux cent pages de longues phrases érudites, vous vous sentiriez d’attaque.
• Vous avez aimé « Nana » d’Émile Zola.
• Vous regrettez un peu d’avoir abandonné la lecture de « Watt » de Samuel Beckett à la vingt-cinquième page et aimeriez vous replonger dans un roman des éditions de Minuit qualitatif, mais plus accessible.

Pour ma part, je n’ai qu’une hâte, courir à la librairie Compagnie lors d’un prochain séjour à Paris et y acquérir d’autres oeuvres d’Éric Laurrent !

« Un beau début » Éric Laurent, 205 pages
Les éditions de Minuit ISBN 978-2-7073-2952-3

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