Editions de Minuit Editions P.O.L

C’est janvier 2020, tu lis quoi ?

Les touillettes et les sports d’hiver, c’est trop « last century ».

Janvier 2020, la touillette en plastique s’est fait virer ! Il était écologiquement temps, mais ça sonne tout de même la fin de l’esthétique Cocktails qui nous rappelle la série culte Sex and the city et son non moins culte Cosmopolitan. Les huitres du Morbihan, quant à elles, ont chopé le virus de la gastro-entérite, contaminées par les rejets des stations d’épuration. Et puis on notera qu’en 2020, les sports d’hiver n’ont plus la cote chez les 15-25 ans qui considèrent ce loisir comme trop cher et ringard. Ce qui fait de moi une avant-gardiste à l’habitus d’une millenial, étant donné que ceci est mon point de vue depuis au moins quinze ans ! *

Raz le bol du buzz

Les touillettes, la gastro et Les bronzés font du ski passent, mais la littérature reste et une rentrée littéraire chasse l’autre ou presque. J’écris presque car, je dois l’avouer, ma PAL (pile à lire) contient encore quelques uns des romans sortis à l’automne 2019. Pourtant, je n’ai pas eu envie d’attendre d’avoir terminé ma pile avant d’y ajouter quelques couches de papyrus. Mon impatience n’est pas uniquement due à une frénésie de fashionista littéraire. C’est aussi une question d’humeur. Et mon humeur du moment c’est un petit raz le bol du buzz, du trash, de l’immédiateté sans contenu. Un état qui se traduit par une envie de retour à mes maisons d’édition fétiches à travers deux écrivains aux oeuvres très qualitatives (de mon point de vue, évidemment). Les livres sont sortis le 3 janvier, je n’ai pas attendu mon reste et le samedi 4, soit hier, j’étais en possession des deux opus sélectionnés pour mon mois de janvier qualitatif.

En janvier 2020, je veux de la qualité !

Il faut dire que, qualitativement, les choses ont bien commencé. Le passage à 2020 avait déjà donné le La, ma soirée de réveillon fut lyrique, nous allions à l’opéra. Barbe Bleue, opéra-bouffe d’Offenbach. Le lendemain, 1er janvier, au cinéma c’était le jour de sortie des « Filles du docteur March », dans une version féministe de la talentueuse Greta Gerwig. Aussi, en fin d’après-midi étions-nous à nouveau installés sur des fauteuils rouges, devant le grand écran. Deux prestations qui n’ont nullement été décevantes et qui ont placé la barre à un niveau d’exigence littéraire un peu plus haut que celui que j’ai pu avoir cet été, quand vêtue d’un short en jean, je trimballais dans un sac en paille mes lectures estivales tachées de résidus d’écran total, sur les plages de Méditerranée. Ce qui permet la transition, car force est de constater que les titres des romans qui sortent ne sont pas toujours en adéquation avec la saison…

Bon alors ? Tu lis quoi ?

Et toujours en été de Julie Wolkenstein aux éditions P.O.L. et Vie de Gérard Fulmard de Jean Echenoz, aux éditons de Minuit.

En 2017, j’avais découvert Julie Wolkenstein en lisant son roman Les vacances, paru en août (pour que ça colle avec le titre). Ce qui m’avait beaucoup plu dans son style, c’est l’équilibre entre une écriture cultivée, une touche d’humour et des personnages plutôt dans l’air du temps. Je n’ai donc pas hésité à mettre son nouveau roman dans ma liste dite qualitative. Dans ce nouvel opus, Et toujours en été, l’auteure propose une autobiographie s’inspirant dans sa structure, des escape game. « Dans chacune de ces pièces, les traces vous racontent une histoire, les objets vous soumettent des énigmes, les morts vous confient des missions. »

Jean Echenoz revient ! Enfin ! On l’attendait depuis Envoyée spéciale paru en 2016. J’ai lu huit de ses romans, tous m’ont beaucoup plu. Si vous découvrez cet auteur, je vous conseille Je m’en vais et Courir. Jean Echenoz est maître dans l’art de manier l’humour distancié, dans un style minimaliste, signature des écrivains des éditions de Minuit. Et son Gérard Fulmard, on le devine déjà, c’est l’anti James Bond, l’homme sans qualités… « À part ce nom, je ne suis pas sûr de provoquer l’envie : je ressemble à n’importe qui en moins bien. » J’ai démarré la lecture du roman hier soir et je peux d’ores et déjà vous dire que c’est jubilatoire ! De quoi poursuivre ces premiers jours de 2020 sur une vague haute.

Et vous ? Avez-vous sélectionné vos petits bijoux de la rentrée ou êtes-vous encore en train de vider les coupes de champagne du réveillon ? Mais qu’on se le dise, attention aux huitres !

* Source : Le Monde