Les Mots swinguent dans un sous-sol parisien !

Une semaine à Paris, un atelier d’écriture organisé par LES MOTS, le thème : Initier un projet de roman : partir sur de bonnes bases ! animé par Frédéric Ciriez. J’y étais, je vous raconte ?

Jour 1 : TGV Marseille – Paris, la climatisation en panne dans ma voiture, Jean-Paul Gaultier assis une rangée plus haut, la France a gagné la Coupe du Monde de Football la veille. La promesse que ça ne va pas être une semaine comme les autres…

Le stage se passe dans l’hypercentre de Paris, à deux pas de la cathédrale Notre-Dame et de la librairie Shakespeare et Cie. Je pars à pied de Ledru Rollin, par le pont Austerlitz, coups de klaxon sur le quai St-Bernard, football oblige. Il fait 29°, j’arrive en nage, fort gentiment accueillie chez Les Mots. De l’eau fraiche ? Oui merci ! D’autres participants sont arrivés, nous sommes invités à nous installer au sous-sol plutôt qu’à l’étage, il y fait moins chaud. Va pour le sous-sol !

Frédéric Ciriez, écrivain publié aux éditions Verticales, des romans contemporains, une écriture baroque, si on aime les gentilles petites histoires on passe son chemin. Pour ce qui me concerne (cf mes chroniques précédentes sur ses romans), le charme de la satire opère.

Et les participants, nous. Tous au sous-sol. Tour de table, Damned ! Eau fraiche, s’il vous plait ! Chacun d’entre nous présente son projet, certains ont déjà cinquante pages dans leur cartable, d’autres n’ont rien sous le clavier, pour moi c’est flou comme des verres progressifs montés à l’envers. Frédéric Ciriez s’entretient individuellement avec chacun d’entre nous, armé d’entrain pour tous et d’une boussole pour les électrons libres. Il a même prévu des lunettes adaptées à ma vue. Session d’écriture et puis partage de nos textes. Rythmés, lyriques, d’aventure, romanesques, d’anticipation, comédies sociales, micros fictions, chroniques. Premier jour et déjà, les mots dansent dans le sous-sol.

Jour 2 : Je prends un café, puis deux, au Bistrot d’Antoine. On n’est pas loin du dernier endroit où vécut Jim Morrison. Je me livre à mon activité favorite, écrire sur une terrasse de café. J’écris, je réfléchis, mes personnages et puis finalement je reste déjeuner. Aujourd’hui, bus ligne 63 pour me rendre à l’atelier, arrêt Collège de France.

Temps d’écriture et partages des textes. Je propose une introduction au personnage central de mon projet : Alice, la fille qui aimait les Stan Smith, de préférence immaculées. J’aime placer des accessoires littéraires improbables dans mes écrits, une fois j’ai dégainé une histoire de Thermomix … le texte a été primé. Bon, hormis l’effet sympathique des Stan Smith immaculées, mon projet reste plutôt maigre et toujours flou. Je commence à douter de moi. Les autres ont l’air de bien avancer. Dans le sous-sol prétendument frais, c’est quand même chouette, on grignote des tomates, des abricots et du raisin.

Jour 3 : Bistrot d’Antoine bis, le serveur me reconnait, ma nouvelle cantine. Sur la terrasse, j’imagine un nouveau personnage, une fille un peu cash, sujette aux fuites urinaires quand elle éternue. J’ai bu deux Perrier, les toilettes des cafés c’est mon dernier recours dont je n’ai pas usé aujourd’hui. Une fois levée, je me rends compte que ma vessie est pleine. Alors je cours, vite à l’hôtel ! Et je vire mon nouveau personnage. Trop prémonitoire.

Re-temps d’écriture. Comme les jours précédents, Frédéric Ciriez oriente individuellement ceux qui le souhaitent, j’ai besoin de son point de vue. Son conseil pour mon projet est le suivant : Ne pas avoir peur d’introduire de l’hétérogène. Re-partage des textes. Aujourd’hui c’est stylistique. Comme j’ai viré du spectre littéraire la fille aux fuites urinaires, je ramène un nouvel accessoire : le badge sans contact pour accéder au bureau, objet transitionnel pathologique. La progression est à retravailler, quelques phrases à enlever. Et surtout : « ça manque de swing Adèle ! ». Mon projet ne prend pas trop de kilos, malgré les madeleines pur beurre ingurgitées durant l’atelier. Retour à l’hôtel à pied, sur les quais, c’est soirée salsa.

Jour 4 : Un petit tour à la libraire L’Arbre à Lettres, rue du Faubourg Saint-Antoine. Je choisis un essai du plus littéraire des scientifiques, Carlo Rovelli.

Pour me rendre à l’atelier,  je reste sur la rive droite et me promène cette fois-ci du côté de rue de Rivoli. Les participants écrivent, Frédéric conseille. « Trouver son oralité, dépasser son modèle, définir un pacte avec le lecteur, ne pas livrer trop tôt des éléments hors de la scène, définir la dramaturgie de ses personnages, rajouter quelques dialogues, dégraisser un peu les commentaires versus l’action, créer des ellipses. » Et mon projet ? Victime de mes tiraillements existentiels. « Injecte du swing Adèle, du swing, tu sais le faire ! » dixit Frédéric. Je repense aux paroles écrites pour une compo de mon groupe de rock : To find a place as cannot be found, you have to be lost for certain my friend. Je ne sais même plus par où je suis retournée à mon hôtel.

Jour 5 : Mon texte manque toujours de swing, mais je crois savoir ce qu’il me faut aller saisir en moi pour que tout se décante. Chacun d’entre nous repart avec des clés, la question étant quelle porte de la littérature souhaitons-nous ouvrir ? Ouvrir ? Vous avez dit ouvrir ? Qu’on apporte un tire-bouchon et des bouteilles ! Cidre, vin blanc, rosé, chips et charcuterie ! Et que ça swingue ! Pour cette fin d’atelier, le sous-sol des Mots se transforme en festif apéritif dinatoire. On remercie chaleureusement Frédéric pour son implication, son écoute et ses conseils.  Ne pas penser que ce soir, notre joyeuse équipe va se séparer, ici, dans ce sous-sol.

Je repars à pied, pour respirer encore Paris. Il est tard. Un type m’accoste « Hey, can we walk together and talk ? » Je le regarde, frontale et dégaine « What for ? ». Il dégage direct. Je me dis Et si t’écrivais une histoire d’amour Louise Adèle ? Non, je rigole.

Jour 6 : TGV Paris – Marseille. Assise une rangée plus haut, une femme. Je regarde ses chaussures. Des Stan Smith flambant neuves… Je suis triste de quitter Paris. Hier soir, la phrase habituelle qu’on me sort pour me consoler « Mais tu vas retrouver le soleil ! ». Je ne comprends pas, il a fait si beau et si chaud toute cette semaine, dans le sous-sol parisien des Mots !

***

Un énorme merci à Frédéric Ciriez pour son implication généreuse et sans faille dans l’animation de cet atelier. Un grand merci également à toute la sympathique et professionnelle équipe des Mots. Et Alexandra, Annabelle, Antoine, Aurore, Christian, Faustine, Florence, Marine, Marieke, Mathilde, Mélanie, Olivier, vous me manquez déjà !

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